Page:Ibsen - Une maison de poupée, trad. Albert Savine, 1906.djvu/154

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Nora.

Oui, je le sais. Laisse-moi sortir, laisse-moi sortir.

Helmer, la retenant.

Où vas-tu ?

Nora, essayant de le repousser.

Tu ne dois pas me sauver, Torvald.

Helmer, reculant.

Alors c’est vrai. Cette lettre dit vrai. C’est horrible. Non, non, non, c’est impossible… Cela ne peut pas être.

Nora.

C’est vrai. Je t’ai aimé plus que tout au monde.

Helmer.

Eh ! Laissons-là les enfantillages.

Nora, faisant un pas en arrière.

Torvald !

Helmer

Malheureuse. Qu’as-tu eu le courage de faire ?

Nora.

Laisse-moi aller, tu ne porteras pas le poids de ma faute, tu ne répondras pas pour moi.

Helmer.

Assez de comédies ! (Il ferme la porte de l’antichambre.) Tu vas rester là et me rendre compte de tes actes. Comprends-tu ce que tu as fait, dis, le comprends-tu.

Nora, le regarde avec une expression croissante de rigidité et dit d’une voix atone.

Oui, maintenant je commence à comprendre le fond des choses.

Helmer, se promenant avec agitation.

Oh ! terrible réveil. Pendant huit ans, elle fut ma joie et mon orgueil, une hypocrite, une trompeuse…