Page:Ibsen - Une maison de poupée, trad. Albert Savine, 1906.djvu/52

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et tu ne devrais pas le faire. Tu es orgueilleuse d’avoir tant travaillé pour ta mère.

Madame Linde.

Je ne regarde personne du haut de ma grandeur. Pourtant je suis satisfaite. Je m’enorgueillis de penser que grâce à moi ma mère a passé tranquillement ses derniers jours.

Nora.

Et tu t’enorgueillis aussi de ce que tu as fait pour tes frères.

Madame Linde.

Il me semble que j’en ai le droit.

Nora.

Je le crois aussi. Maintenant je vais te dire une chose, Christine. Moi aussi j’ai un motif de joie et d’orgueil.

Madame Linde.

Je ne le mets pas en doute. Voyons, explique-toi ?

Nora.

Parle plus bas, que Torvald ne nous entende pas ! Pour rien au monde je ne voudrais qu’il sache… Personne ne doit le savoir que toi, Christine, rien que toi.

Madame Linde.

Mais qu’est-ce ?

Nora.

Approche-toi davantage. (Elle l’attire près d’elle sur le sofa.) Oui, écoute, moi aussi je puis être orgueilleuse et satisfaite ! C’est moi qui ai sauvé la vie de Torvald.

Madame Linde.

Sauvé ! Comment sauvé ?

Nora.

Je t’ai parlé du voyage en Italie, n’est-ce pas ? Tor-