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LE COUP DE FOUDRE

on n’en parlait nullement dans mon groupe de copines. Depuis, je me suis rappelé une condisciple, la fille d’une marchande de parapluies dont la boutique touchait l’école. On savait que sa mère, très sévère, la battait. Et souvent. Quoique personne ne m’ait dit de quelle façon, je crois deviner maintenant de quoi il retournait quand, en première, la maîtresse l’interpellait tout haut et faisait certaines allusions dont devenait pivoine la grande fille, qui baissait, honteuse, le nez sur son cahier. Le sens de ces allusions m’apparaît des plus clairs aujourd’hui. Mais alors, je croyais que c’était d’une paire de calottes toutes récentes que lui ravivait le souvenir à peine refroidi cette rosse de demoiselle Hortense. Évoquée en pleine classe, je trouvais suffisamment vexant un simple souvenir de calottes et cela légitimait, vu l’âge de la camarade, le fard qu’elle piquait instantanément lui empourprant les joues et remarqué des trente-huit bonnes pièces que nous étions.

Je parle des joues d’en haut : les autres, ses joues d’en bas, car c’est ainsi que des écrivains sans respect dénomment quelquefois nos fesses, je ne les ai pas vues ; mais, je certifie qu’elle en possédait et qu’à la main de sa mère se présentait un sérieux derrière à claquer. Quand après quelque récidive de faute, mademoiselle Hortense, avec son rire méchant d’ordinaire, mais cette fois plus méchant encore, la prévenait que sa mère le saurait tout à l’heure et « qu’il lui en cuirait comme d’habitude » ou bien que « sa petite correction de ce soir serait aussi soignée que, celle d’hier » ou « aussi cuisante que la dernière », c’était des fessées et rien que des fessées qu’elle lui annonçait.