Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/111

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touchés du beau ! Comme ce beau est mal aimé ! Grands génies, par combien de sots et d’aveugles vous êtes prostitués !

Dans ta dernière, tu réponds toi-même aux critiques, (à moi relatives), que tu m’as transmises. J’en adopte quelque chose et cherche à me corriger des contours tranchants. Tes observations sur les maîtres Espagnols et sur Raphaël répondent aux autres. Les nôtres ne sont pas assez exclusifs pour me juger ave compétence. Ceci soit dit sans mépris, car je trouve leurs critiques réservées et obligeantes. Mais ils ne peuvent pas m’en donner d’autres et je suis bien plus difficile critique à moi-même, sur mes défauts, auxquels je fais une guerre continuelle. C’est Raphaël qui m’en avertit, et non des artistes dont le goût et les doctrines me sont toujours suspects. Je reviens cependant à penser que, dans la foule des critiques, on peut en trouver de bonnes. Mais nous aurons, par la suite, l’occasion intime de bien définir la critique et quelle est la meilleure.

Au reste, je te remercie de tout ce que tu me dis la-dessus. Une fois pour toutes, tu me feras toujours plaisir non seulement de me transmettre ce que tu entendras dire, mais aussi d’y mettre ton propre sentiment, ton opinion. Tu causes peinture, d’ailleurs, aussi bien que moi, je t’assure. Le sentiment des arts est inné chez toi, ton esprit est juste en toutes choses. La parfaite connaissance devra appartenir à ceux qui te ressemblent. La grande étude est de devenir exclu-