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Cependant, Isabey, père, va quitter un beau logement, comme celui qu’avait autrefois Gérard, et j’espère que je pourrai l’obtenir. Là, je voudrais recommencer ma vie solitaire et studieuse, entouré seulement de quelques amis et dégagé de toute participation aux choses insupportables et injustes de ce vilain monde.

J’ai souvent rêvé à d’autres projets !…


LXIII
Ingres à Pauline Gilibert.
Paris, 11 avril 1850.

Il n’est que trop vrai : par suite de tant de préoccupations douloureuses pour le moment, décourageantes pour l’avenir si sombre, j’ai pu me laisser aller au point de vous tant négliger. J’en suis affligé moi-même.

Je n’ai pas le talent d’écrire des lettres courtes ; j’ai tant de choses à vous dire, verser des larmes sur tant de sujets, et de bien douloureux ! Malheurs publics et personnels… Mais à quoi bon tant s’affliger ? La mesure sera bientôt à son comble.

J’aime mieux m’occuper de toi, chère enfant. Mais, dis-moi, où as-tu appris, qui est-ce qui a pu Rapprendre, à Montauban, à faire un aussi délicieux portrait que celui de Madame de Gondrecourt ? Combien j’ai eu de plaisir à le voir, à l’admirer. Cette admiration a été partagée également par tous mes amis ; et on m’a dit, depuis, que tu en as fait d’autres encore mieux. Mais cela est