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âge ? Qui est-ce qui prend soin de toi, que vas-tu faire ? Quels sont les parents, avec lesquels tu dois être restée ? Je suis bien hardi de tant te demander, mais le meilleur ami de ton père a bien le droit de t’adresser de pareilles questions. Je l’aimais tant, ce pauvre père. Je l’aimais d’une amitié sincère, et je la continue dans sa fille.

Ingres.

À M. Marcotte.
Paris, 28 juillet 1850.

Où je suis ? Ce que je lais ? Eh ! mon Dieu ! je suis arrivé, le 18, de mon très ennuyeux voyage à l’île de Jersey ; car, vous le voyez, je ne suis pas allé à Londres, ce que j’aurais peut-être mieux fait de faire, et j’aurais épargné à votre excellente Madame les soins qu’elle s’est donnés pour me rencontrer à Boulogne. Enfin, quoiqu’on dise toujours que Jersey est le plus charmant séjour, je m’y suis trouvé à la vérité tout seul, et vous aviez bien raison de redouter pour moi un si triste moyen de voyage. À la vérité encore, c’est ma faute ; car une famille m’attendait depuis quatre jours, ma chambre arrangée avec confortable, là où je ne suis allé me présenter que la veille du jour où j’ai quitté ma vilaine auberge. On m’a promené toute la journée, et, effectivement, j’ai vu un très joli pays ; mais il me faut autre chose, à moi, qu’une ville anglaise, qui n’est composée que de boutiques et d’Anglais. De là, je suis donc reparti pour Granville où je n’ai pas été fâché de retrouver la France, quitte de la mer par une traversée qui m’avait bien secoué en allant. J’ai gagné l’intérieur, à Avranches, où je me suis reposé trois jours chez un excellent ami, M. Martin. Là, je croyais trouver une belle cathédrale, mais je n’en ai trouvé que le terrain.

De là, à Caen, où (après avoir été d’abord à Bayeux)