Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/468

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œuvre, il lui faut un caractère soutenu. Celui de cette composition est tout homérique. Je vous dirai donc que, malgré la haute renommée de l’homme et son incontestable talent, je ne puis me résoudre à mettre au nombre de mes «  homériques  » l’auteur de Faust, de Werther et de Mignon : ouvrages trop répandus selon mon goût. Je ne puis mettre tous les hommes illustres, et c’est avec respect que je me vois forcé d’évincer mon cher Mozart, Le Tasse, Le Camoëns, Pope. Shakspeare et tant d’autres[1]. Sans rancune, et croyez à mon amitié bien dévouée.


Testament de Ingres, Grand-Officier de la Légion d’Honneur, Chevalier de l’Ordre du Mérite civil de Prusse, etc., fait olographe à Meung-sur-Loire le 28 août 1866, enregistré à Paris. xiie bureau, le 22 janvier 1867.

Ceci est mon testament :

Je soussigné Jean-Auguste-Dominique Ingres, sénateur, peintre d’histoire, membre de l’Institut, Grand-Officier de la Légion d’Honneur, etc., demeurant à Paris, Quai Voltaire, n° 11, ai fait mon testament, comme suit :

Je lègue à.....................

Je lègue à la ville de Montauban (Tarn-et-Garonne), ma ville natale, les tableaux originaux et copies de maîtres anciens et modernes que je posséderai à l’époque de mon décès, sauf ceux que je vais léguer ci-après. Je lui lègue également mon grand tableau de Jésus au milieu des Docteurs, ainsi que le tableau du Songe d’Ossian, peints par moi, s’ils ne sont pas vendus à l’heure de mon décès, mais à la condition expresse que ces tableaux, de même que tous ceux que je vais lui léguer, ne seront pas vendus par ladite ville et ne sortiront jamais de ce musée.

  1. Ingres refaisait à cette époque, en dessin, l'Apothéose d’Homère qu’il transforma et appela l’Homère déifié.