Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/525

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soins qu’il a bien voulu prendre en cette circonstance et, en même temps, pour rendre justice à son véritable talent d’artiste très distingué et dont la modestie est beaucoup trop grande. Ce que je désirerais donc, c’est que vous voulussiez bien poser sur son portrait, qui est très beau, une des branches de laurier, dont vous avez bien voulu orner le mien. Ce sera un acte de satisfaction et de justice… » — Voici Hippolyte Flandrin, le plus doux et le plus prestigieux des élèves d’Ingres et que son maître aima entre tous, parce que cette colombe du Calvaire saurait exécuter les compositions de haut vol auxquelles l’imagination, courte et païenne de cet aigle de l’Olympe, n’oserait prétendre dans l’art chrétien. Quelle ascension de Bethléem au Thabor et du Thabor à Gethsémani fut réservée à ce bon disciple de génie, qu’un génie enseignait. Vous savez leur arrivée de Lyon à Paris par ce rude hiver de 1829, où la lampe d’étude fut le seul foyer des deux frères se réchauffant au lit commun, leur seule ressource de chaleur à la nuit tombante. Le jour encore, on s’en

    classer que sixième. Ses principales œuvres sont : le Christ servi par les Anges, « que Gautier a appelé une très remarquable toile » ; le Christ au Jardin des Oliviers, pour l’église de Saint Etienne de Tulmont ; — les Saints Anges, pour l’église Saint-Eustache, à Paris ; — un Christ en Croix, pour un Palais-de-Justice ; divers tableaux de fantaisie, où les brillantes étoffes semblent avoir trop séduit le pinceau de l’artiste, et plusieurs portraits dont le plus heureusement peint fut peut-être celui qu’Armand Cambon fit de lui-même, en 1877, et qui figure avec honneur au Musée de Montauban. L’ami d’Ingres a consacré ses dernières années à disposer les nombreux dessins du maître dont il restait le légataire, dans les salles que la ville de Montauban leur avait affectées. Mais plus heureux qu’Ingres, Cambon est mort dans sa ville natale, en 1885. Paris n’en conserva pas moins le portrait de cet artiste que moins de facilité eût fait plus remarquable : il figure sous les traits d’un noble et calme Saint Bartholomé, dans le chœur de l’église de Saint-Germain-des-Prés, qu’Hippolyte Flandrin a peint avec la maîtrise que l’on sait.