Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/88

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qu’il conviendra à tous. Dis même, cher ami, ton sentiment. Dans ma dernière lettre où je t’annonçais mes dernières idées et que tu n’as pu recevoir, ce qui me fâche, je te priais d’intéresser MM. de la Commission à m’envoyer de Paris les documents nécessaires. Si tu as commencé à t’occuper de cela, tu peux en arrêter l’ordre, vu que j’espère trouver ici mon affaire. Dans huit jours, je saurai ce que j’aurai trouvé et je demanderai alors à ces messieurs ce qui me manquerait.

En deux mots, pour ce qui est ici de ma situation, elle est assez vague, pour ne point dire pas heureuse. J’ai fait un pas de clerc, en quittant Rome et la clientèle bonne ou mauvaise que j’y avais, séduit par de fausses promesses dictées, je veux bien le croire, par une grande légèreté suivie de caprice, d’extravagance de caractère, de bizarrerie, d’imprudence, d’orgueil, d’un mélange inconcevable de qualités nuisibles et d’un peu de bonnes. Voilà le caractère de l’homme en qui j’ai cru trop facilement. Ajoute à cela qu’il a ici autant d’ennemis que de cailloux dans les rues ; les trois quarts, à la vérité, sont atroces et injustes et bien ignorants. Voilà sa situation avec, toujours, le plus beau talent que la nature puisse accorder à un homme. Lorsque je suis parti de Rome j’avais plus de trois mille livres d’épargne, les plus difficiles à acquérir. J’ai presque tout mangé en transport d’effets d’art, en atelier, etc. ; j’y ai acquis un ennemi extrêmement méchant, un peintre français, le type du médiocre. Le crédit de l’homme ci-dessus était