Page:Iorga - Histoire des relations entre la France et les Roumains, 1918.djvu/14

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braves soldats. L'histoire lui montre ce peuple divisé en plusieurs tronçons que séparent des fleuves et des montagnes, mais qui sont conscients de leur origine commune et qui veulent s'unir en un grand État danubien. 11 parle avec enthousiasme de l'acte créateur qui, en 1866, a scellé la réunion de la Moldavie et de la Valachie et il garde à la France un vif sentiment de reconnaissance pour la part essentielle qu'y prit la « grande sœur latine » de la nouvelle Roumanie. Comme tous les patriotes roumains, il souhaite qu'à ce ferme noyau central viennent s'ajouter les autres Roumains encore soumis au joug étranger, notamment ceux qui sont les sujets persécutés des Autrichiens et des Magyars. La guerre mondiale qui éclata en 1914 lui apparut comme l'occasion unique pour délivrer enfin ces frères opprimés et parfaire l'unité roumaine. Il écrivait en octobre 1915 : « Je n'ai pas hésité un moment à reconnaître et à servir la bonne cause. Je suis un de ces arriérés qui croient encore qu'il y a au monde autre chose que le droit de la force. En Roumanie, nous sommes décidés... » Les premiers revers, qui le frappèrent cruellement dans ses intérêts personnels, n'ébranlèrent ni ses convictions, ni ses espérances. C'est au peuple qu'il songea tout d'abord ; « Notre paysan a été admirable dans la défense du sol natal ; malgré les dures épreuves qu'il eut à subir, il n'a pas dégénéré » (lettre du 20 octobre 1916). Même après la conquête de la Valachie par les Austro-Allemands,