Page:Isaac Newton - Principes mathématiques de la philosophie naturelle, tome2 (1759).djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
DE LA PHILOSOPHIE NATURELLE.

matiere, le mouvement des ſatellites (Cor. 2. Prop. 65. Liv. i.) ſeroit dérangé par cette inégale attraction. Si, à diſtance égale du Soleil, un de ces ſatellites étoit plus peſant ſur le Soleil à raiſon de ſa quantité de matiere que Jupiter à raiſon de la ſienne, dans une raiſon quelconque donnée, comme, par exemple, dans la raiſon de d à e, la diſtance entre le centre du Soleil & le centre de l’orbe de ce ſatellite ſeroit toujours plus grande que la diſtance entre le centre du Soleil & le centre de Jupiter à peu près en raiſon ſouſdoublée, comme je l’ai trouvé en faiſant le calcul. Et ſi le ſatellite étoit moins peſant vers le Soleil dans cette raiſon de d à e, la diſtance du centre de l’orbe du ſatellite au centre du Soleil ſeroit moindre que la diſtance du centre de Jupiter au centre du Soleil dans cette même raiſon ſouſdoublée. Donc, ſi, à diſtances égales du Soleil, la gravité accélératrice d’un ſatellite quelconque vers le Soleil étoit plus grande ou plus petite que la gravité accélératrice de Jupiter vers le Soleil, ſeulement de la milliéme partie de ſa gravité totale ; la diſtance du centre de l’orbe du ſatellite au Soleil ſeroit plus ou moins grande que la diſtance de Jupiter au Soleil de partie de la diſtance totale, c’eſt-à-dire, de la cinquiéme partie de la diſtance du ſatellite le plus éloigné du centre de Jupiter, ce qui rendroit cet orbe très-ſenſiblement excentrique. Mais les orbes des ſatellites ſont concentriques à Jupiter, ainſi les gravités accélératrices de Jupiter & de ſes ſatellites vers le Soleil ſont égales entr’elles. Par le même raiſonnement, les poids de Saturne & de ſes ſatellites ſur le Soleil ſont, à des diſtances égales du Soleil, comme la quantité de matiére que chacun d’eux contient : & la lune & la terre ou ne péſent point ſur le Soleil, ou bien y péſent la proportion éxacte de leurs maſſes ; or par les Cor. i. & 3. de la Prop. 5. on voit qu’ils y doivent péſer.

Ainſi les poids de chacune des parties d’une planette quelconque ſur une autre planette ſont entr’eux comme la quantité de matiére que chacune de ces parties contient. Car ſi quelques-