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PRINCIPES MATHÉMATIQUES

bois, c’eſt-à-dire, comme le poids au poids. Il en fut de même dans les autres pendules. Dans ces expériences une différence d’un milliéme dans la matiere des corps de même poids étoit aiſée à appercevoir.

Il n’y a donc aucun doute que la nature de la gravité ne ſoit la même dans les planettes & ſur la terre. Car ſuppoſé que quelque corps terreſtre fut élevé juſqu’à l’orbe de la lune, & que la lune & ce corps, étant privés de tout mouvement, fuſſent abandonnés à leur gravité, & tombaſſent enſemble vers la terre ; il eſt certain, par ce qu’on a déjà dit, que ce corps & la lune parcoureroient des eſpaces égaux en temps égaux, & que par conſéquent ſon poids ſeroit à celui de la lune en même raiſon que leurs quantités de matiere.

De plus, comme les ſatellites de Jupiter font leurs révolutions autour de cette planette dans des temps qui ſont en raiſon ſeſquiplée de leurs diſtances à ſon centre, leurs gravités accellératrices vers Jupiter ſeront réciproquement comme le quarré de leurs diſtances à ſon centre ; & par conſéquent, à égales diſtances de Jupiter, elles ſeront égales. Ainſi ils parcoureroient des eſpaces égaux en temps égaux en tombant vers Jupiter de hauteurs égales ; comme il arrive aux graves ſur notre terre. Et par le même raiſonnement les planettes qui tournent autour du Soleil, étant abandonnées à la force qui les porte vers cet aſtre, parcoureroient en deſcendant vers lui des eſpaces égaux en temps égaux s’ils tomboient de hauteurs égales. Or les forces qui accellérent également des corps inégaux ſont comme ces corps ; c’eſt-à-dire, que les poids des corps ſur les planettes ſont comme la quantité de matiere qu’ils contiennent.

De plus, les poids de Jupiter & de ſes ſatellites ſur le Soleil ſont proportionnels à leur quantité de matiere, c’eſt ce qui eſt prouvé (Cor. 3. Prop. 65. Liv. i.) par le mouvement très-régulier des ſatellites de Jupiter ; car ſi l’un de ces ſatellites étoit plus attiré que les autres vers le Soleil, parce qu’il contient plus de