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PRINCIPES MATHÉMATIQUES

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ce que le mouvement diurne qui devient contraire après le paſſage de la Lune au méridien, ainſi que l’action de l’aſtre qui s’affoiblit ſucceſſivement, diminue peu à peu la viteſſe des eaux, & les force à s’abaiſſer. On ne s’apperçoit de cet abaiſſement qu’environ trois heures après la culmination de l’aſtre, par les mêmes raiſons qui font que leur élévation retarde ſur le paſſage de l’aſtre au méridien. On ſent aiſément que le frottement des eaux contre le fond de la mer doit auſſi contribuer à retarder ces effets. M. Culler, de la diſſertation duquel j’ai emprunté beaucoup de choſes dans ce Chapitre, dit, que ſi l’on ne confidéroit que le mouvement vertical de l’eau, ſa plus grande élévation devroit avoir lieu dans le moment même du paſſage de la Lune au méridien, & même quelquefois plutôt à cauſe de l’action du Soleil, & il attribue la plus grande partie du retardement de l’élévation de l’eau à ſon mouvement horiſontal par lequel elle frotte contre le lit dans lequel elle coule. Dans les régions où la mer ne communique pas avec l’océan, les marées retardent beaucoup davantage, enforte que ce retardement va quelquefois juſqu’à 12 heures, & on a coutume de dire dans ces lieux que la marée précéde le paſſage de la Lune au méridien : au Port du Havre, par exemple, où la marée retarde de neuf heures, on croit qu’elle précéde de trois heures le paſſage de la Lune au méridien ; mais la vérité eſt que cette maréę eſt l’effer de la précédente culmination. XIV. On vient de voir que l’effet de la Lune ſur les marées, eſt à celui du Soleil comme 4 à 1 environ. Or on n’a fait attention en déterminant le tems auquel arrivent les marées qu’à l’action de la Lune, ſi on ne faiſoit de même attention qu’à l’action du Soleil, les marées devroient ſuivre immédiatement le paſſage du Soleil au méridien, en faiſant abſtraction des cauſes externes qui les retardent ; mais la mer, en obéiſſant à ces deux aſtres ſelon la quantité