Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
202
FEMMES ET GOSSES HÉROÏQUES

giste fut inébranlable dans sa résolution généreuse. Jamais on ne vit débiteur aussi désireux de ne pas toucher d’argent. De guerre lasse, le jeune homme lui serra cordialement la main, se chargea de son maigre bagage et se disposa à se mettre en route, non sans répéter avec ravissement :

— Par ma foi, c’est un pays de Cocagne… Avec mes six francs cinquante, je suis riche ; au prix où sont les denrées ici, j’ai de quoi vivre de mes rentes.

Puis haussant les épaules :

— La fortune ne doit pas me donner des habitudes de paresse, cherchons de l’ouvrage.

Rassemblés sur le seuil de la fonda, le patron, la patronne, leurs enfants, leurs serviteurs accompagnèrent le voyageur de leurs vœux, rugis, glapis, nasillés, criés. Il semblait que son départ était un deuil public. Au fond, tous étaient dans la joie, persuadés qu’ils venaient d’héberger le terrible Basta, le chef de la Maffia argentine, et que, désormais, ils n’auraient plus rien à craindre de la terrible association.