Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/42

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attachée à un montant du puits, et Jean fut adossé au mur de la cuisine, en face du peloton d’exécution. Cet enfant de quinze ans est mort avec un grand courage. Il a dit seulement, avant de tomber sous les balles :

— Adieu, mère. Mon frère nous vengera.

La pauvre mère et moi restâmes abandonnés dans la cour de la ferme avec, devant nous, le cadavre du martyr.

J’ai pu dénouer mes liens et détacher Mme Loraine. Elle ne pleurait pas. Les larmes ne sortent pas à de certains moments ; elles retombent sur le cœur.

— Monsieur le maire, m’a-t-elle dit d’une voix effroyablement calme, voulez-vous m’aider à la dernière toilette de mon petit Jean, et après, à l’ensevelir sous le vieux pommier où il aimait à lire ?

J’ai fait ce qu’elle demandait. Alors elle s’est agenouillée sur la tombe en murmurant :

— À présent, allez-vous-en, monsieur le maire. Sûrement, d’autres ont besoin de vous.

Ce n’était que trop vrai. Partout dans la