Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/49

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L’angoisse régnait sur la frontière. Les habitants s’enfermaient chez eux. Nul bruit dans les maisons ; nul mouvement sur la route.

Les sœurs marchaient vite ; elles sentaient la peur autour d’elles. Mais voici la droguerie. Les volets pleins sont clos, assujettis par les barres de fer. L’imposte, au-dessus de la porte, découpe un rectangle noir. Le magasin n’est donc pas éclairé.

Cela n’a aucune importance. Rosa, suivie de Marine, contourne la maison et pénètre dans le jardin, sis en arrière, par le portillon que ferme seulement un loquet.

La nuit est pleine d’étoiles ; la brise tiède caresse la terre. Les fleurs, remises de la rude chaleur du jour, sentent meilleur et plus fort.

Le calme des choses, en ce coin familier, rassure les voyageuses. Est-ce que l’on peut croire à la guerre au milieu d’une telle paix ! Elles traversent sans hâte le petit enclos.

— Ils sont dans la salle du rez-de-chaussée, murmure Marine.

C’est vrai. Une bande lumineuse se glisse