Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/60

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— Un beau soldat du kaiser !

Puis un rire contenu et terrifiant. Elle poursuit :

— Oui, ton casque, je le reconnais. Je l’ai vu si souvent dans les carrières de Saint-Gergues… avec mes petites Louise et Marie.

Mon sang se glace. Louise, Marie, les prénoms des petites Mesral, que les Allemands ont entraînées avec leur mère, en évacuant Soissons.

Que dit-elle encore ? Que fait-elle ?

— Elles sont sous la terre. Elles s’ennuient dans la tombe. Va les rejoindre.

Un cri étranglé. Un grand silence.

La femme s’est redressée. La lune frappe en plein son visage, aussi blafard que sa clarté. Oh ! ces yeux de fièvre ; cette chevelure dont les mèches fauves se tordent ainsi que des serpents.

C’est une folle, une folle que je vois là.

Elle prononce tendrement, avec un geste dans le vide :

— Patience, petites. Je vous en enverrai d’autres, beaucoup d’autres sous la terre.