Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/67

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de treize à quatorze ans, blonde de ce blond d’Alsace que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. Pourquoi cette enfant parmi nous ? Je ne l’ai jamais su. On la nommait Gredel.

Les circonstances nous mirent en sympathie.

Évidemment, elle craignait, comme moi, la douleur inutile, car, au lieu de faire la fière, ainsi que tant d’autres, elle accepta le poste de petite servante à la cantine d’Odan Storf.

Ce fut un scandale. Tous les otages lui reprochèrent sa bassesse d’âme.

Seul, j’approuvai sa résignation, et même, quand un de mes compagnons lui jetait un mot dur, dont ses grands yeux bleus se remplissaient de larmes, je la remontais avec de bonnes paroles :

— Laisse aboyer, petite Gredel, tu es dans le vrai. Il faut vivre avec le moins de désagréments possible.

Vous devinez qu’on était devenu camarades. Tout naturel, n’est-ce pas ? Dans le cantonnement, nous deux seuls n’étions pas des lions de courage.