Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/68

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Voilà qu’un matin, en me servant un plat de pommes de terre, orné d’une saucisse et de confitures de myrtilles, elle me chuchote à l’oreille :

— Je me sauve ce soir.

Je manquai lâcher l’écuelle de fer battu qu’elle me présentait.

Sans paraître s’en apercevoir, elle continua :

— Je peux en emmener un autre… Si vous voulez, ce sera vous.

Quelle journée ! J’aimais l’idée d’être libre ; mais entre la liberté et moi, il y avait les ronces barbelées du camp ; les factionnaires, fusils chargés ; la poursuite probable ; des balles dans le corps, ou, à tout le moins, le cachot d’une forteresse.

Ces choses-là font réfléchir un homme raisonnable, voyez-vous !

Toutefois, aucune réflexion ne tint contre la volonté de Gredel. Cette gamine avait une façon de vouloir… irrésistible.

Elle reprend l’entretien en enlevant le couvert.

— Venez à 5 heures à la cantine. Odan