Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/90

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— Ça biche, colonel ; sauf que je rêve d’un bifteack aux pommes et d’une brillante chopine.

Il rit comme un bienheureux.

— Ça ne pousse pas sur les routes de Serbie…, mais l’intendance t’offrira un beau biscuit et un quart d’eau… l’hygiène, quoi.

Il n’y a pas à faire la tête, le menu est le même pour tout le monde. Au reste, la seule chose importante est que nos 75 ne soient pas à court de pruneaux… Les hommes peuvent se mettre la ceinture : les canons ne le peuvent pas.

— Qu’est-ce, lieutenant Mir ?

Le colo s’est détourné de moi. Il fait face à un officier qui s’est arrêté à trois pas, la main droite à la visière, les talons réunis, l’attitude de service.

— Mon colonel, c’est une femme…

— Une femme ?

— La grand’garde l’a arrêtée au moment où elle se faufilait entre les factionnaires.

Le colonel fronce les sourcils, il serre les lèvres… ; ça va barder.