Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/50

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point marqués au coin de la magie ? Enchantements réels ou charlatanisme, qu’importait ? Puis rien autour de lui n’obéissait aux lois de la morale.

Et il souffrait de ne point ressentir une révolte suffisante en face de ce journal qui, sous les regards amusés de centaines de mille lecteurs, promènerait accolés le nom de Mlle de Armencita et ce surnom : la Fiancée du Diable.

Puis, le désir de comprendre comment pareil blasphème avait pu naître, l’envahit, le poussa à lire l’article qui suivait sur deux colonnes.

Le chroniqueur s’exprimait ainsi :

« Il y a deux mois environ, le Paris high-life subissait une commotion. Un astre nouveau venait de briller au ciel de la beauté.

« Une apparition à l’Opéra, une visite à l’exposition de l’Automobile, et la Belle aux Cheveux d’Or bruni, comme l’appelaient ses admirateurs, était sacrée merveille dans la cité où se donnent rendez-vous les merveilles du monde.

« Renseignements pris, les curieux découvrirent sans peine que l’inconnue, une idéale Jeune fille de la colonie espagnole, portait un des plus grands noms de Léon. Sa mère, la comtesse de Armencita, et elle, venaient jouir à Paris d’une fortune colossale, héritage des del Vedras, ces marquis de Carabas de la péninsule Ibérique.

« On pense que la riche, adorable et vertueuse héritière fit aussitôt rêver d’hyménée un certain nombre de nos plus élégants et honorables célibataires. Mais hélas ! Une muraille de Chine isole la jeune fille de ses soupirants. Une muraille de Chine plus infranchissable que les passes rocheuses, qui ne purent arrêter les héros de la course Pékin-Paris.

« Une fatalité étrange, inexplicable, déconcertante, semble s’abattre sur quiconque aspire à la main de la señorita Linérès de Armencita.

« Les dragons du destin défendent l’approche de l’hôtel de la rue François-Ier, où réside la Belle aux Cheveux d’Or bruni.

« Une série d’accidents, que l’on croirait provoqués par une volonté consciente, si pareille hypothèse ne devait être écartée, ont mis hors de combat, en six semaines, cinq jeunes hommes du meilleur monde, lesquels, plus ou moins ouvertement, avaient posé leur candidature à la main de Mlle de Armencita.