Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/252

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perpendiculaires aux murs ou semés capricieusement au milieu de la salle, transformaient celle-ci en un véritable labyrinthe.

— Quoi est cela ? murmura Mrs. Doodee.

— Je posais la question semblable à mon intellectualité, fit Grace dans le même ton.

Comme pour répondre, des femmes émergent des paravents à claire-voie. Le torse nu, paré de colliers, de gorgerins, de joyaux, les hanches ceintes de sarongs roses tombant jusqu’à terre, parées, fardées, maniérées et mignardes, elles s’avancent en cadence, elles entourent les nouvelles venues.

Toutes sourient et prononcent les mêmes mots :

— Rondgings-Fandaks !

Ces vocables, incompréhensibles pour les étrangères, sont le titre des « danseuses de profession ». Il correspond à « bayadère » dans l’Inde.

Mais ni Eléna, ni Grace ne savent cela. Par leurs mines, leurs gestes, elles indiquent qu’elles ne comprennent pas : des rires étouffés accueillent l’aveu, des petites mains jaunes les saisissent doucement, les poussent, les entraînent, et elles se trouvent bientôt dans une autre salle où, au milieu d’un dallage mosaïque, se découpe une piscine de marbre à demi pleine d’une eau limpide.

Le long des murs sont des étagères garnies d’instruments de toilette, d’or, d’ivoire, d’argent, de nacre.

Des flacons aux formes bizarres contiennent des eaux de senteur, des poteries enferment les pâtes, cosmétiques, couleurs, dont se compose l’arsenal des beautés malaises.

Les Anglaises remercient par gestes. Après la longue route dans une atmosphère embrasée, il leur sera doux de se baigner, de rafraîchir leur corps fatigué.

Les Rondgin^s-Fandaks frappent leurs paumes en cadence, puis, comme un vol d’oiselets effarouchés, elles s’éparpillent dans toutes les directions, disparaissent discrètement, abandonnant les voyageuses aux soins de quatre servantes du Dékan, immobiles ainsi que des statues de bronze.

Durant une heure, ces « baigneuses », plongèrent les Anglaises dans l’eau, les savonnèrent, les oignirent d’huiles aromatiques.

Mrs. Doodee s’abandonnait voluptueusement aux