Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/270

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— Certes, leur grâce me captive, mais un but plus élevé me guide.

— Et ce but ?

— Conquérir une fiancée dont le souvenir enchaînerait sans cela le chef de ma famille au rivage de Sumatra.

— Elle répond à quel nom ?

— Darnaïl.

— C’est la bayadère qui m’est chère entre toutes ; nulle n’a le pas plus lent, la taille plus flexible, le bras plus expressif. Mais je t’ai accueilli, à la demande de mon frère aimé, le représentant de mon alliée, la Hollande. J’ai promis de ne rien refuser au vainqueur du tigre. Marche à mes côtés, je vais te conduire vers Darnaïl.

Des timbres, des clochettes saluent d’un carillon joyeux la déclaration du maître. Sur les genoux, sur les coudes, les dignitaires se reculent, se pressent pour laisser au Sultan, entre leurs corps, un large passage libre.

Et le souverain oriental, tel une divinité étrange, couverte d’or et de gemmes, descend lestement les degrés du trône.

Il passe sous le bras d’Albin sa main efféminée chargée de bagues.

Des porte-parasols se précipitent, abritant les deux personnages sous des circonférences de soie où une compagnie de ligne se mettrait à l’ombre.

Ils avancent ; à mesure que le maître dépasse les courtisans penchés, ceux-ci se lèvent et se joignent au cortège.

Les musiques se réveillent, les clochettes tintinnent.

Le Sultan marche toujours. On passe sous la colonnade, on traverse des salles aux décorations d’un luxe inouï et bizarre.

Des portes s’ouvrent devant les promeneurs.

La première a des panneaux d’argent massif.

Ceux de la seconde sont d’or.

La troisième est de bois ciselé, mais des brillants énormes y dessinent les initiales de ce monarque de rêve.