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Page:Ivoi Les cinq sous de Lavarède 1894.djvu/141

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LES CINQ SOUS DE LAVARÈDE

faire élire, « à force d’intrigues et de corruptions » président de la République costaricienne.

« Le triomphe de cet usurpateur, concluait l’emphatique Cronista, n’aura pas été de longue durée. Le ciel lui-même a manifesté son horreur pour cette illégalité ; il a suscité une catastrophe et la vieille terre de Costa-Rica a frémi sur sa base, pour chasser le faux libérateur, qui voulait forger nos chaînes.

« Les pouvoirs publics se sont réunis ensuite, et il a été décrété que cet homme, dont on ne sait même pas le véritable nom, ce criminel (car on ne dissimule son état civil que lorsqu’on est coupable) serait désormais chassé de l’État costaricien, avec défense de porter le nom de « La Bareda ! »

— Cela me rappelle, fit Armand avec un rire bien sincère, un drame de Bouchardy que j’ai vu représenter dans mon enfance, et où un infortuné, comme moi, est « à jamais chassé de Florence, avec défense de porter le nom de Piétro… » Allons, ce sera du moins un souvenir pittoresque de mon voyage… Je pourrai dire : Et moi aussi, j’ai été président d’une république !…

Enfin, le 1er août, à quatre heures du soir, l’Alaska, franchit la « Porte-d’Or », évolua au milieu des bâtiments de toutes nationalités rangés dans le port de San Francisco, et vint jeter l’ancre à une encablure du « North Pier ».

Un quart d’heure plus tard, la chaloupe du bord déposait, sur le quai, Lavarède et ses compagnons.