Page:Jacob - Souvenirs d’un révolté.djvu/4

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Ça va Georges ?

— Passablement.

— Et toi Léon ?

— Très bien, lui répondit Pélissard.

La sacoche qu’il portait était très petite et ne pouvait être d’aucune utilité. Aussi m’étonnai-je qu’il ne l’eût pas laissée en consigne. Je lui en fis la remarque.

— Bah ! me répondit-il l’air insouciant ; ne te met donc pas en peine. Je préfère la porter avec moi ; elle ne me gênera pas.

Puis goguenard il ajouta :

— Il faut que tu trouves toujours à redire sur quelque chose : sans cela tu ne serais pas content.

— Avec ça que j’ai tort ?

— Va donc, hé ! Grincheux !

— Il n’y a pas de quoi rire, repris-je. Pour ne pas changer, tu en as encore fait du joli. Tu es un fameux pierrot, va ! À l’avenir je te laisserais le monopole exclusif pour la rédaction des formules télégraphiques…

— Ah, oui ! Interrompit Pélissard. Parlons un peu de ça. Ben mon colon ! T’en as fait du propre.

Ahuri, ne comprenant rien à nos reproches, Bour nous regardait alternativement. Après quelques secondes de ce manège, impatienté :

— Qu’est-ce que vous me chantez là, vous autres ? Voyons, expliquez-vous.

— En deux mots. Te souviens-tu de la formule dont je t’avais dit de rédiger le télégramme ? Lui dis-je.

— Parfaitement, me répondit-il avec assurance.

— Dis un peu, pour voir…

Il demeura embarrassé quelques secondes ; puis, après avoir sorti le calepin de sa poche :

— Je ne peux pas me tromper, nous dit-il. En voilà la copie.

Pendant que Pélissard l’éclairait avec la lampe électrique, il lut :

— Coïncidences douteuses. Départ prochain.

— T’es une betterave ! S’écria Pélissard. C’est « références douteuses » que Georges