Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cubines. Ce petit roi, sec et rabougri, a l’apparence aussi débile que ses sujets sont vigoureux et bien plantés ; il fait un abus énorme de cognac de première marque, d’opium et de femmes. Il ne peut pas évidemment, comme le sage Salomon, les satisfaire toutes ; comme dit la chanson :

Brûlât-on des plus vives flammes,
S’il faut contenter six cents femmes,
Quel que soit le tempérament,
Ça doit gêner sur le moment.

Ce simple couplet me revient en mémoire, pour avoir été chanté au café-concert à Saïgon en 1889, lors de mon deuxième passage, et pendant une visite de Noro-dom au Gouverneur Général. Le public Européen l’appliqua à Noro-dom et le bissa. Il faut peu de chose pour égayer le Français aux Colonies. L’honneur de pouvoir être admise un jour ou l’autre à partager la couche royale doit suffire à ces dames, car Noro-dom ne plaisante pas sur ses prérogatives de mari couronné.

Le harem royal est renfermé dans une partie spéciale du palais, et ces dames sont fortement et étroitement surveillées ; l’on ne peut pénétrer près d’elles qu’avec l’autorisation de Sa Majesté. En 1873, dit-on, Noro-dom fit couper publiquement la tête à deux de ses femmes, soupçonnées d’infidélité, ainsi qu’à leurs complices.

Corps du ballet royal. — Outre ses concubines, le Roi a des chanteuses et des danseuses de théâtre. Toutes jouissent d’un traitement payé en nature et en espèces. Ces dames ont un véritable service de Cour, minutieusement réglé par l’étiquette royale. Généralement, Norodom fait venir de Siam ses danseuses et ses concubines, qui arrivent au Cambodge vers treize ou quatorze ans. La danse des bayadères royales est une mimique pas-