Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tillantes était relative à la plainte d’une jeune Négresse, Angola S***, qui accusait un libéré de lui avoir volé d’abord une chemise, et ensuite d’avoir voulu se porter sur elle à des attouchements obscènes. La jeune Négresse, âgée de dix-huit ans, blanchisseuse de son état, racontait devant le Conseil, avec la plus vive animation, que le libéré s’était emparé d’une chemise blanche qu’elle avait mise à sécher au soleil en l’étendant sur une palissade. Elle avait couru après lui, lui avait arraché la chemise des mains ; mais le libéré, se jetant sur elle, l’avait saisie par le cou, lui avait porté la main sous sa gaule et avait cherché à la renverser pour la violer. Elle lui avait heureusement résisté, grâce à l’appui d’autres Négresses venues à son secours, et avait été quitte pour avoir sa gaule salie par son ordure (sic). En faisant sa déposition, la jeune Angola se livrait à une mimique des plus vives ; soit émotion, soit toute autre cause, elle répandait devant le Tribunal un fumet tellement prononcé que les juges furent obligés de se boucher le nez. « Ne vous agitez pas tant, Mademoiselle, » dit d’une voix sévère le Président B*** ; « vous nuisez à vos effets oratoires. Nos oreilles sont ici à votre service, mais, de grâce, épargnez nos organes olfactifs. » L’accusé avouait qu’il avait bu un coup et qu’il ne se souvenait pas très bien de ce qui s’était passé, qu’il avait peut-être bien soulevé la chemise étendue sur la palissade, mais que, pour le reste, c’était une simple rigolade ; qu’il avait peloté la Négresse, mais sans avoir l’intention de la prendre de force, « car la peau noire, ce n’est pas ragoûtant » ajouta t-il d’un air convaincu. — « Le cas est plus grave que vous ne croyez, » dit le Président ; « dès l’instant que vous avouez avoir soulevé la chemise d’Angola S*** étendue sur la palissade, ce n’était pas probablement pour enfiler des perles, et permettez-moi de vous dire, accusé, que