Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/213

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surtout moins brave que le Bambara. D’après le colonel Frey, le Malinké, soit par terreur superstitieuse, soit par poltronnerie, ne voyage pas la nuit, à moins qu’il n’y soit contraint par les circonstances : car si, le jour, il peut compter sur son arme, sur son agilité pour braver les périls, il est exposé, dans l’obscurité profonde, à mille dangers auxquels il ne pourra pas toujours se dérober. Dès le coucher du soleil, sa vue éprouve un affaiblissement considérable ; on le dirait frappé de cécité. On attribue ce fait à la consommation immodérée, par le Malinké, de l’allo, feuille desséchée du boabab, et à la faible quantité de sel qu’il consomme.

Le Tirailleur Sénégalais. — Le Tirailleur Sénégalais est un volontaire qui se recrute, moyennant finances, dans toutes les populations du Sénégal. On n’est pas difficile sur la provenance, pourvu que l’homme soit sain et robuste. J’ai fait le service médical dans un bataillon de Tirailleurs à Saint-Louis, et le commandant de ce bataillon m’a assuré que les trois quarts des Nègres de l’intérieur qui venaient s’engager pour trois ans dans les postes du fleuve, d’où on les envoyait au chef-lieu, étaient des esclaves achetés à leurs maîtres, qui touchaient la prime de trois cents francs. Par le fait même de son engagement, le Tirailleur redevient libre à sa libération du service militaire.

J’ai pu, par des soins médicaux donnés aux familles de Tirailleurs, pénétrer dans bien des détails de mœurs. Le colonel Frey a consacré quelques pages à la description du modeste Tirailleur Sénégalais, sans lequel il aurait été impossible de conquérir le Haut-Sénégal et le Soudan.

« Ce corps est formé, « dit-il, » d’éléments empruntés aux différentes races de la Sénégambie, qu’un œil exercé distingue à la simple inspection. Le Toucouleur se recon-