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saurait donner une idée plus vraie des villes Chinoises que Cho-lon.

Le Théâtre Chinois. — Les rôles de femmes y sont tenus par des jeunes gens que l’on y destine dès l’enfance. Ils prennent à tel point les manières, la démarche et le timbre de voix de la femme Chinoise, que l’on pourrait presque s’y tromper. Ils vont même plus loin : ils jouent le rôle de femme au naturel. Nous en reparlerons au chapitre de la perversion des mœurs dans la race Chinoise.

Le théâtre Chinois joue des tragi-comédies, héroïco-mélodramatiques, où l’on voit apparaître des héroïnes, des rois, des ministres, des généraux avec leurs armées, des bouffons, des dragons, des tigres, des génies protecteurs. On s’y livre à des combats terribles au milieu de détonations formidables de pétards. Il y a aussi des vaudevilles qui sont, comme licence, autant au-dessus de ceux du Palais-Royal, que ceux-ci le sont au-dessus des moralités de Berquin. La liberté des descriptions et des scènes réalistes est poussée à l’extrême. J’avoue y avoir passé quelques bonnes soirées, quand un Chinois complaisant voulait me narrer le sujet et la marche de la pièce.

Pour leurs grandes fêtes de famille, les riches Chinois (comme aussi les riches Annamites), engagent une troupe louée exprès, et font construire devant leur demeure une salle en bambou dans laquelle ils donnent, pendant trois jours au moins, le spectacle gratis à leurs amis. C’est surtout dans ces représentations que l’on exhibe, selon le goût de l’amphitryon, le répertoire le plus salé.