Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se couvre en signe de deuil, la rendent repoussante et la maternité l’achève. L’allaitement développe beaucoup le sein qui s’allonge et tombe naturellement, quoique la pratique de l’incision sous-cutanée lui soit inconnue. Le bouton du sein est noir et gros. L’allaitement terminé, le sein reste flasque et ridé, tombant comme une mamelle de chèvre. Le ventre présente plusieurs rides parallèles, et la peau pend sur le pubis comme un vieux tablier de cuisine. Une vieille Popinée Canaque est un objet de dégoût, tandis que le mâle, même âgé, conserve toujours une certaine prestance. Un jeune Canaque de vingt ans est au contraire un magnifique spécimen de la race et ressemble à un bronze antique,

Degré d’avilissement de la Popinée. — Tous les jours, la malheureuse Popinée travaille comme une bête de somme. Elle fait toutes les corvées de l’escouade (j’emploie à dessein ce mot), de la culture, de la guerre. En marche, elle porte les provisions, les ustensiles culinaires, les outils. On la voit marcher indéfiniment, ployant sous le faix ; si elle faiblit, un bon coup de manche de casse-tête lui rend des forces. La nuit, si l’ânesse à quatre pattes peut dormir sur sa litière, la Popinée ne le peut pas. Il faut qu’elle satisfasse les passions de l’escouade et, quand elle est enceinte, elle continue ce double métier à peine interrompu par l’accouchement.

La taille moyenne des femmes est bien inférieure à celle des hommes, et il existe à ce point de vue entre les deux sexes à peu près le même rapport que dans notre race. Les femmes allaitent leurs enfants pendant fort longtemps, de trois à cinq ans. L’oppression sous laquelle elles gémissent, l’excès de travaux qu’on leur impose, les privations qui sont souvent leur lot, épuisent rapidement la vigueur de leur constitution.

Les organes génitaux de la race Canaque. — Les