Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/287

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se blanchir le haut du corps à la chaux et à se barbouiller le visage de noir avec une raie blanche sur l’arête du nez et les sourcils peints en blanc. On conçoit que cette mascarade funèbre enlaidisse les jeunes et rende les vieilles Popinées horribles. Avant l’occupation Française, on assommait à coups de casse-tête les plus grasses femmes du chef défunt, et on les mangeait dans un pilou-pilou funèbre célébré en son honneur.

Habitation. — La case Canaque a la forme d’une ruche d’abeilles, n’ayant comme ouverture qu’une porte basse et étroite. Au centre de la ruche brûle incessamment un feu sur lequel on jette de la bourre de coco, pour chasser les moustiques, véritable fléau de ce pays. Il est impossible à un Européen de rester dans ces cases, à cause de la vermine et de la puanteur. Le Chef a une case plus élevée que les autres, ainsi que la case-palais du Conseil des Anciens. Au sommet, on plante un fétiche, homme ou femme, taillé grossièrement avec ses parties génitales démesurées. Le tout est couronné par une immense girouette de quatre ou six mètres de flèche, avec une étoile, symbole de la puissance du Chef.

Nourriture. — La nourriture du Néo-Calédonien est presque exclusivement végétale (taro, igname, patates, traits). Les tribus de la côte y ajoutent le poisson, qui est une grande ressource. Avant l’arrivée des Européens, à part quelques oiseaux, la chauve-souris roussette, le rat et le chien, il n’y avait point d’animaux. L’introduction du porc et de la volaille a été un bienfait pour les Canaques, car ces animaux ne demandent presque pas de soins.

Le four Canaque. — Pour faire rôtir un poisson ou un cochon, le Canaque n’a pas besoin d’une broche, d’une rôtissoire ou d’une poêle. Le cuisinier sauvage allume un grand feu et fait rougir dedans des pierres