Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/294

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ce qui s’est passé. Le plus grand massacre eut lieu dans la partie de l’Île où les Blancs étaient les plus mêlés aux indigènes, et ils ont été frappés par ces indigènes qui venaient chez eux à toute heure.

Anthropophagie. — Ses causes. — La nourriture du Canaque, presque entièrement végétale, surtout chez les tribus de l’Intérieur qui n’ont pas les ressources de la pêche, n’est pas suffisante pour donner de la vigueur et une résistance soutenue à la fatigue. Le Canaque mange énormément. Il absorbe, dans un seul repas, des quantités d’aliments qui seraient extraordinaires pour un Européen, mais ce sont des aliments sucrés et féculents, aliments respiratoires, riches en carbone, pauvres d’azote. Il manque d’aliments plastiques et sanguifiables. Il est dans le cas d’une machine à vapeur que l’on bourrerait de coke, sans mettre de l’eau dans la chaudière. Dans les expéditions, les auxiliaires, quoique moins chargés de fardeau que nos soldats, étaient épuisés de fatigue, tandis que les Européens pouvaient tenir encore la campagne. Il fallait leur donner du biscuit et du lard.

N’en déplaise aux végétariens, le régime végétal est un non-sens. Il sera impossible d’obtenir d’un végétarien le labeur assidu et les fatigues que peut supporter un mangeur de viande. Rien de rien, dit le proverbe ; pour faire du muscle, il faut de la chair. Le Canaque n’ayant, en Nouvelle-Calédonie, ni volaille, ni porc, rien que des nolous (pigeon gros comme une poule), mangeait son ennemi vaincu, et, par atavisme, ce goût dépravé s’est continué dans la race après l’introduction du cochon et du bétail. Le plus beau cadeau qu’on puisse faire à un Canaque qui vient vous voir, c’est, après un fusil, un quartier de bœuf à demi salé. Toussenel, dans sa Zoologie passionnelle, a bien caractérisé l’anthropophagie : « L’anthropophagie est une des maladies de l’enfance de