Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/305

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tour. L’opération ou plutôt l’exécution amoureuse continue sans relâche ni trêve, jusqu’à la mort de la victime, dont on conçoit les souffrances horribles. D’après Kaké, une femme arrive presque à la centaine d’assauts avant d’expirer.

Une Putiphar et un Joseph Canaques. — Branda raconte d’une manière très imagée, l’histoire d’une Putiphar Canaque :

« Le fils du terrible Bouarate est venu se plaindre au chef d’arrondissement du viol d’une de ses épouses par six de ses sujets. Signe du temps ! on perd le respect des souverains, même en Nouvelle-Calédonie. Qui eût osé toucher une épouse du noble seigneur Bouarate ? En d’autre temps, le noble seigneur, au lieu de venir pleurnicher près de l’autorité Française, eût fait assommer le délinquant d’un coup de casse-tête et l’aurait mangé, sauf, suivant le cas, à manger ensuite l’épouse infidèle. Philippe, plus débonnaire, après d’ailleurs s’être fait payer l’amende autant qu’il a pu, a demandé la condamnation des coupables aux travaux forcés pour huit jours. Du reste, il résulte de l’enquête que, s’il y a eu viol, c’est celui des six jouvenceaux par la Messaline de Hienghen. J’ai assisté à l’interrogatoire de l’un des accusés, un beau jeune homme de seize à dix-sept ans, à peau fine, et relativement claire, au visage modeste, aux yeux fort doux. Apollon adolescent, il se défendit avec énergie de cet acte d’irrévérence envers son chef : la dame avait été la vraie coupable ; lui n’avait été que l’instrument passif. Toutes les fois qu’il rencontrait Mme Philippe, celle-ci, lui lançait de terribles œillades et lui demandait du feu pour allumer sa pipe, lui mettait la main sur l’épaule, le caressait… Lui ne voulait rien comprendre. Enfin, elle s’expliqua plus catégoriquement et invita le bel enfant à venir avec elle dans la brousse casser bois.