Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/323

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inutile d’y revenir à nouveau. Je dirai simplement, que, par analogie avec ce qui se passe chez les Chinois de Saïgon, il se forme, entre transportés et libérés, des couples unis par les liens d’un amour infâme. Des deux conjoints, l’un joue le rôle passif : c’est la femme ; l’autre, le mari, a le rôle actif. Il y a rarement inversion de rôles, et c’est par ce caractère que la pédérastie des transportés diffère de celle des Annamites et des Canaques. Généralement, dans le couple, il y a un vieux et un jeune, et, détail bizarre, c’est presque toujours le vieux qui fait la femme. Le plus jeune et le plus robuste est le plus souvent le mari. C’est une règle qui souffre cependant des exceptions. Les jalousies et les haines féminines pâlissent à côté des horribles passions excitées dans le cœur de ces monstrueux amants. La vengeance d’un amour trompé (il est triste de profaner le mot amour appliqué à de telles aberrations) pousse le délaissé à se servir du couteau. S’il ne s’en sent pas le courage, il cherche un nouvel amant, qui puisse le venger des dédains de l’ancien. On voit alors se dérouler, devant les Conseils de Guerre, des récits de scènes horribles, car les assassinats sont souvent commis avec des aggravations atroces et accompagnés de mutilations érotiques. Le transporté de race blanche devient aussi féroce que le Canaque, et n’a pas, comme lui, l’excuse d’être un sauvage. Je m’arrête ici, jugeant inutile de fatiguer l’attention du lecteur par le récit de pareilles turpitudes.