Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/333

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redoutent beaucoup les blessures de ces armes empoisonnées. Aussi leur ont-ils vendu tout un lot de vieux fusils à piston et à balle ronde. Ils ont été moins prudents, en leur cédant des armes à tir rapide, le Snider, fusil à tabatière (comme celui de notre garde mobile en 1870). Ce sont les capitaines de navires Anglais qui ont commis cette faute. Aussi, maintenant, les quelques Blancs qui habitent les îles ne se maintiennent-ils que par la crainte qu’inspirent leurs carabines Américaines à seize coups.

Le tam-tam, le pilou-pilou. — Sur la petite place du milieu de chaque village, on voit, fichés en terre, d’énormes troncs d’arbres creux, ayant la forme de têtes et de bustes humains, avec un énorme phallus. C’est le tam-tam Néo-Hébridais qui rend, quand on tape dessus avec un gros bâton, un son sourd de grosse caisse. À son appel, on se rassemble, après la récolte des ignames et des taros, pour un pilou-pilou interminable, qui ressemble beaucoup à celui du Néo-Calédonien. Pendant deux ou trois jours on mange, on boit, on crie, en tapant à tour de bras le tam-tam, et en soufflant dans des mirlitons en bambou. Ces danses échevelées simulent tantôt la guerre, tantôt l’amour.

Danse érotique. — Les femmes se contentent de danser ou plutôt de s’agiter comme des Bacchantes au milieu du cercle que forme la ronde des hommes, mais elles ne se mêlent pas directement à eux. La danse érotique simule l’accomplissement du coït. Les hommes, en sautant, saisissent leur manou, qu’ils décrochent de la ceinture, et l’agitent avec la main droite, de haut en bas, comme un goupillon ; avec la main gauche ils simulent l’action de saisir une femme entre les bras. Puis le corps a un double balancement d’avant en arrière, sur les jarrets et les reins, pendant que la main droite