Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/357

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Européens. Le bain froid d’eau douce est chaque jour une nécessité pour lui, et, dès les ombres du soir, on peut voir, dans tous les petits bassins des ruisselets, si nombreux dans les vallons, des couples s’ébattre joyeusement. C’est encore à Loti que j’aurai recours, pour dépeindre la grâce et le charme des bains des Tahitiennes :

« En tournant à droite dans les broussailles, quand on avait suivi, depuis une demi-heure, le chemin d’Apiré, on trouvait un large bassin naturel, creusé dans le roc vif. Dans ce bassin, le ruisseau de Fataoua se précipitait en cascade et versait une eau courante d’une exquise fraîcheur. Là, tout le jour il y avait société nombreuse ; sur l’herbe, on trouvait étendues les belles jeunes femmes de Papeete, qui passaient les chaudes journées tropicales à causer, chanter, dormir, ou bien encore à nager et à plonger comme des dorades agiles. Elles allaient à l’eau vêtues de leur tunique de mousseline, et la gardaient pour dormir, toute mouillée sur leur corps, comme autrefois les Naïades. Là, venaient souvent chercher fortune les marins de passage. »

Nourriture. — La nourriture du Tahitien est variée. Le fond en est constitué par du poisson, qui est souvent mangé cru avec du taioro, sauce composée de coco râpé, fermenté avec de l’eau de mer bouillie jusqu’à saturation. Il y a, dans cette alimentation, deux puissants aphrodisiaques : le phosphore et le sel marin. Le Maori y ajoute de la volaille, et, dans les grandes occasions, du cochon. Comme légumes, il a l’igname, le taro et la patate douce. Il a aussi le fruit de l’arbre à pain, qui croît partout, et le feï, banane sauvage qu’on a seulement la peine d’aller chercher dans la montagne. Comme fruits de dessert, il possède toutes les variétés de fruits tropicaux : oranges, bananes, mangues, ananas, etc., qui