Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/358

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croissent à l’état sauvage. Dans cette île bénie du ciel, l’homme n’a qu’à se laisser vivre. Je prie le Lecteur de remarquer la richesse de cette alimentation, aussi abondante que variée, qui a sa part d’influence sur la vigueur amoureuse du Tahitien, comme on le verra plus loin.

Festins publics des Tahitiens. — Tous les samedis, après la récolte du feï dans la montagne, les voisins et amis s’assemblent en agapes fraternelles. Outre ces repas privés, on célèbre, à certaines époques de l’année, dans chaque district, de grands banquets publics nommés amaraa. Ce sont de véritables noces de Gamache qui peuvent soutenir la comparaison avec nos plus grands festins de gala. Je ne sais plus quel auteur disait qu’il avait vu réunir dans un seul village, pour un de ces festins, cinq cents couverts de ruolz. Tout le monde est à l’ouvrage. On entasse ignames, taros, feïs, mayori, des barriques de poisson ; on massacre les porcs par bandes et les volailles par centaines, et tout cela se rôtit au grand air, devant d’énormes brasiers.

Costume. — Le Maori Tahirien est beau, sous son costume simple et artistique, qui consiste en une chemise ou veste de coton blanc, tombant librement par dessus un pareo, large pièce de cotonnade à grands dessins et à couleurs voyantes, drapée autour des reins jusqu’à mi-jambe, et qui remplace l’affreux pantalon civilisé introduit par les Anglais. Sous ce costume, le jeune Tané porte la tête haute, la poitrine en avant, avec une désinvolture mâle et fière.

Les Vahinés portent la gaule, robe longue et sans taille, serrée sous les seins comme la robe Directoire. Elles se coiffent d’un léger chapeau de paille rond, en bambou tressé ; les cheveux tombent librement sur les épaules, souvent jusqu’aux cuisses, ou sont tressés en deux longues nattes à la Suissesse, descendant sur le dos.