Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/377

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sort du fourré et m’aperçoit causant avec sa tendre moitié ; saisissant une trique énorme, il bondit jusqu’à moi : ses yeux lancent des flammes et sa bouche écume de colère. Je crois ma dernière heure venue ; mais fort de mon innocence, je ne bronche pas et reste immobile, les bras croisés. À un mètre de moi il s’arrête court et abaisse son arme : alors des flots de paroles lui sortent de la bouche, qui ne doivent pas être des compliments. Je continue de le regarder, toujours dans ma position immobile, et quand il a fini son petit discours, je le prends par le bras et cherche à l’entraîner chez le mutoï, le garde-champêtre de l’endroit ; naturellement il refuse.

» La menace du Tahitien, quand on touche à sa femme, est terrible : il parle tout simplement de vous harponner. Et je dois ajouter que l’indigène ne manque jamais son coup. S’il vous vise, son harpon à trois branches vous entrera dans le dos, et vous serez condamné à mourir au milieu des plus épouvantables souffrances. La vérité m’oblige pourtant à dire que pareil fait est excessivement rare. Mais si le Tahitien ne vous offre pas sa femme, il vous offrira son lit le meilleur ; s’il n’en a qu’un, il n’hésitera pas un instant à vous le céder et à s’étendre sur des nattes. »


L’hospitalité Tahitienne. — C’est dans la cordiale hospitalité qu’il vous donne, que le caractère doux et bon du Maori se montre sous son vrai jour. Nous emprunterons encore à Desfontaines le récit suivant. Il avait été invité à déjeuner chez un chef de district, sur la simple recommandation d’un Français de Papeete, ami du Chef.

« Dans l’après-midi, je me disposais à prendre congé de mes hôtes et l’on me regardait avec surprise préparer