Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/379

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vers moi la paume de leur main en me la jetant mignonnement.

» L’heure du repas est arrivée et je vais me coucher. Le matin, une bande sanglante sous la nuée noire, me réveille de ses lueurs. Rien de plus beau que ce paysage vu à travers les barreaux de cette case volière. Je me lève avec le soleil et me prépare à partir ; ils veulent me retenir encore : mais ne voulant pas abuser de cette cordiale hospitalité, je m’excuse, le temps me presse. Il me faut, du moins, accepter l’invitation à déjeuner. Au moment où je suis sur le point de prendre congé de mes hôtes, la charmante Tara s’approche de moi avec une bouteille de monoï en verse dans le creux de sa main, me le fait sentir, me demande si son arôme m’est agréable, et, sur ma réponse affirmative, elle m’oint les cheveux de cette huile parfumée. Puis tout le monde m’accompagne jusque sur le seuil de la porte et me serre cordialement la main. Je m’éloigne, un dernier ia-orana (bonjour) retentit à mes oreilles, je me retourne : la jeune et gracieuse Tara m’envoie un dernier adieu. Je lui réponds par un baiser. Les petites filles tiennent à me faire la conduite et à porter mes bagages jusqu’au delà de la rivière avoisinante : elles refusent absolument l’argent que je leur offre en les quittant, et longtemps elles se retournent pour me jeter des baisers. »


Le vrai caractère de la Vahiné. — La Vahiné n’est pas seulement une splendide créature de plaisir : sous une enveloppe charnelle aux sens passionnés, bat un cœur ardent, susceptible d’affection vraie, et aussi capable d’aimer sincèrement qu’une Européenne. C’est ce qui ressort du roman célèbre, le Mariage de Loti, point de départ de la fortune littéraire de l’auteur. Ce roman est une œuvre vécue ; on n’invente pas les peintures