Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/93

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la bave sanguinolente, était une douche froide jetée sur l’ardeur génitale, les uns se laissèrent aller aux exercices de la succion buccale usités par ces femmes ; d’autres, plus dépravés, prirent la route de Sodome. D’autres enfin, plus pervertis encore (ou présentant une disposition héréditaire), s’adressèrent aux nays et aux boys qui s’offraient en foule. Cette dernière catégorie était de beaucoup la moins nombreuse, je dois me hâter de le reconnaître.

Tous donnaient, comme excuse de leurs vicieuses habitudes, le manque absolu de sécurité et le danger très grand de la syphilis avec la Congaï. Tout a bien changé depuis, et avant de décrire la vie que mène maintenant l’Européen en Cochinchine, jetons un coup d’œil rapide sur le Saïgon actuel.


Le Saigon actuel, trente ans après la conquête. — Près d’un quart de siècle après mon premier séjour dans la Colonie, j’y revins pour la deuxième fois, à mon retour du Tonkin. J’ai pu constater ainsi le progrès effectué en trente ans.

D’importants changements se sont opérés dans l’aspect de Saïgon, à tel point que, de toutes les anciennes maisons et cases existant avant mon départ, je n’en reconnus qu’une seule, la grande maison Wang-taï, transformée en Direction des Contributions indirectes. Somptueux Palais du Gouvernement, superbe cathédrale, Hôtel battant neuf des Postes et Télégraphes, Trésor, Palais de Justice monumental, splendide Direction de l’Intérieur, Hôtel du Commandant supérieur, Casernes gigantesques, pourvues de tout le confortable désirable : tout était sorti de terre comme par enchantement avec la seule main d’œuvre de l’ouvrier Chinois. La ville a doublé d’étendue et, au lieu des petites maisons basses et étroites à toit de