Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/95

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pour cent de perte, mais on s’en est servi pendant trois ou quatre ans. On le voit, c’est pour rien.

L’ancien négociant Français qui tenait un bazar a disparu, coulé par le marchand Chinois qui vend les mêmes articles bien meilleur marché, car il les fait venir directement de France. Mais de nouveaux magasins de toutes sortes se sont créés : fleuristes, modistes, couturières, magasins de nouveautés, de librairie, bijouterie, etc. Il y a de tout, jusqu’à des charcutiers. Au lieu de la mauvaise gargote tenue par un cosmopolite dont la cuisine vous incendiait le palais, il y a plusieurs hôtels et restaurants superbes. On sent que la Colonie a traversé une période de prospérité et pris un essor considérable.

La vie actuelle de l’Européen. — Après le labeur journalier, si l’Européen veut se distraire le soir, les moyens ne lui font plus défaut.

Il y a d’abord bon nombre de familles Européennes qui reçoivent et offrent du thé à leurs amis. Les soirs de bal au Gouvernement, c’est par centaines que dans l’immense salle des fêtes on compte les dames, et l’on danse de dix heures du soir jusqu’à six heures du matin, malgré la chaleur torride.

Il y a maintenant un théâtre Français bâti au beau milieu de la rue Catinat, coquet et gentil, et où la chaleur se fait moins sentir que dans un grand théâtre de Paris. Pendant une saison, de six mois de durée (d’Octobre à Mars), on joue quatre fois par semaine, et les prix sont très abordables.

La Colonie donne une subvention de cent mille francs par an, ce qui permet d’avoir des artistes sérieux en tous genres, depuis le vaudeville jusqu’au grand opéra. Nous avons entendu Guillaume Tell. La troupe féminine est nombreuse, triée sur le volet et comprend, en plus des premier et second sujets, des choristes, voire même des