Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

danseuses. Toutes ces dames aiment à passer une soirée au Pré-Catelan, et quelques coupes de Champagne frappé ne les effraient pas.

Il y a, en outre, de nombreux cafés et brasseries, tenus généralement par des dames ou demoiselles d’humeur peu farouche. On est loin de l’unique café Français de la Rotonde, dit des Trois-Fêtons, tenu par deux beautés sur le retour.

Dans les six mois de l’année où le théâtre fait relâche, un orchestre de femmes Autrichiennes joue dans un immense hall en bambou rempli de verdures et de fleurs, où l’air circule de tous côtés. Il est assidûment fréquenté par toute la société Européenne.

L’hétaïre Européenne. — Le jour, à la promenade du Tour d’inspection, on peut voir plusieurs victorias richement décorées, avec cochers et saïs revêtus de costumes voyants. Sur les coussins de la voiture se prélassent une ou deux dames peintes et fardées, habillées à la dernière mode. C’est la vieille garde de Saïgon, qui fait son tour du Bois de Boulogne. Le soir, ces dames ont loge au théâtre et place à la brasserie-concert, où elles sont toujours entourées d’un cercle d’adorateurs. Nous ne sommes plus en 186., au temps où les deux premières hétaïres Européennes furent mises en tombola. Il a suffi d’une vingtaine d’années au plus pour transformer radicalement la Colonie, ce qui a constitué un progrès immense pour la morale, comme on va le voir.

Progrès considérables de la moralité des Européens en Cochinchine. — Ceci est un fait qui m’a frappé à mon retour. Anciennement, l’Européen pédéraste était loin d’être une rareté ; bon nombre de gens, et des plus huppés encore, avaient cette triste réputation. Ils n’étaient point pour cela méprisés, ni même mal vus. On se contentait de les gouailler. Dans les popotes, on