Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/132

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mental. Un jour, pendant l’élévation, elle chasse de sa mémoire ces vers de Roger :


Laisse un moment souffler aux cordes de ma lyre
Cette brise du cœur, spirituel zéphire
Qui berce Dieu dans ses vergers.


Un après-midi, Lia vient la voir.

— Figure-toi, ma chère, lui dit-elle, que ton frère nous a ravis l’autre jour en nous lisant de ses vers… Est-ce qu’il en récite souvent chez vous ?

— Non, ma chère. Il ne nous fait pas cet honneur, et puis…

— Et puis ?…

— Les jeunes personnes, dit Roger, ne les peuvent pas tous entendre.

— Tu n’as jamais lu de ceux-là ?

— Curieuse… Une fois… C’était une poésie pour une dame.

— Il y avait ?

— Je ne sais plus… Il parlait de ses épaules…

— Tu crois qu’il les a vues au bal ?

— Oui, sotte, tiens…

Clara d’Ellébeuse n’achève pas. Elle s’absorbe, resongeant à cette jolie dame qu’elle aperçut un jour en voiture avec Roger, cette jolie dame qui avait une grande capote rose.