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Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/133

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— Mes enfants ? appelle Mme d’Ellébeuse ; il est temps que vous veniez goûter.

Les amies vont s’asseoir à la salle à manger en face l’une de l’autre. En s’arrangeant sur leurs chaises, elles se sourient d’une manière embarrassée, enfantine et contente, de ce sourire innocent et bon, presque un peu attristé, de deux couventines qui se rencontrent hors du pensionnat.

Clara d’Ellébeuse a mis la robe de tante Aménaïde, et ses boucles tombent à ses épaules comme des copeaux de hêtre. Lia Fauchereuse, moins blonde que son amie, est coiffée à la vierge, avec un nœud de velours à gauche du chignon. Elle a des yeux noirs, un peu taillés en amande comme ceux de son frère. Son nez est très aquilin, sa bouche ronde et petite. Elle porte une robe lilas à double jupe sur un dessous très empesé, et ses pantalons tombent droit sur ses bottines de même couleur que la robe. Une guimpe recouvre le bas du cou et les manches, très courtes, terminées par une double frange, laissent voir les bras minces et bruns. Des mitaines légères de soie noire donnent à ses petites mains un air raisonnable. Elle sourit toujours à son amie, tenant déjà sa cuillière au-dessus d’une assiette de framboises sombrement transparentes.

Mme d’Ellébeuse se retire. Et les petites mangent