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DE SABLE MÉMORIAL

pâles astres deux par deux, étoiles de mort qui s’effacent du tableau noir du ciel de moire.

Et vos cheveux de fer brillant, vos lourds cheveux aux reflets bleus sont attirés par ces aimants qui pendent du ciel deux par deux.

Ô ne dressez pas les cheveux comme sous mon bras triomphant, mon bras aux muscles de potence, la tête vierge de l’enfant dont le sang clair depuis cent ans fond comme la cire d’un cierge sur les trois lampes du silence. Un jour, maudit au regard fou, j’avais crispé mes deux genoux sur ses épaules. Et mes pieds virent leurs muscles en vols pliés battre comme les pleurs d’un cœur ou des paupières. Et je vis s’allonger son cou aminci comme un sablier, son cou dont les tendons partirent avec un bruit de boucliers percés par les clous des fanfares, comme des cordes de guitares sous les doigts qui les ont liées.

Et le roucoulement étrange de l’âme lancée de son cou parmi la phalange des anges siffla dans le ciel noir comme l’essor effeuillé des ailes d’une chauve-souris.

Ô que triste est le chant du hibou, qui hérisse les cheveux intelligents des hommes fous, et que