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SPÉCULATIONS

ment, mais douloureusement, l’avant-bras, et la meilleure antisepsie, serait peut-être un bouchon sur la pointe. Mais voilà on ne ferait plus attention, et la lame cassée, étant triangulaire, blesserait par trois pointes !

De même, on a cru longtemps que c’était par férocité que MM. les Apaches mâchaient les balles de leurs revolvers. Or, c’est ainsi que dans le Groënland, les femmes des Esquimaux mâchent, pour les assouplir, les peaux de phoques. Ce sont également les femmes des Apaches qui mâchent les balles, afin de vérifier si elles ne contiennent aucune substance toxique, comme les rois jadis entretenaient, pour vérifier la bonté de leur cuisine, des dégustateurs. La police, favorisant cette œuvre sanitaire, la police, ce maître-queux, s’intéresse hebdomadairement à la santé des femmes d’Apaches, pour qu’elles puissent vaquer, parfaitement bien portantes, à leur besogne de dégustatrices. Ainsi, le contribuable, à travers qui la balle aura pratiqué son trou, ne risquera point quelque fâcheuse indigestion.

Un tel exemple, venu de gens de mœurs simples, s’impose aux pouvoirs publics : à quand — et ceci (on ne sait pas ce qu’on deviendra) intéresse tous les honnêtes gens — à quand l’antisepsie du couteau de la guillotine ?