Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/146

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

publique de la Législative, avec Condorcet comme rapporteur, propose, sous le nom de Lycées, la création de neuf Universités. « Toutes les sciences y seront enseignées dans toute leur étendue. » Puis, les comités de la Convention, avec Romme comme rapporteur, renouvellent la proposition de Condorcet, qui est appuyée par Robespierre. Enfin, le 15 septembre 1793, la Convention, surmontant toutes les hésitations qu’entretenait en elle le souvenir des Universités de l’ancien régime, institue, sous le nom de Lycées, des Universités.

Mais, après Thermidor, après la chute de Robespierre, la direction change. La Convention affaiblie, glissant déjà sur la pente de la réaction, n’a plus les hautes ambitions du début. Elle renonce à créer dans notre pays des foyers d’universelle science : elle va au plus pressé et crée des écoles spéciales, École centrale des travaux publics (École polytechnique), écoles de santé, écoles normales, etc. C’est là, à vrai dire, une des plus cruelles faillites de la Révolution française. La réaction peut venir, le despotisme peut venir : l’esprit du dix-huitième siècle, l’esprit de science libre n’a plus d’organe dans notre pays.

Le Consulat, le premier Empire maintiennent la dispersion des écoles spéciales : le despotisme de Napoléon ne pouvait s’accommoder des grandes Universités qui, par la pleine liberté intellectuelle, auraient