Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/381

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blique durait depuis vingt ans, que ses adversaires les plus ardents capitulaient, qu’elle avait résisté à toutes les entreprises et à tous les entraînements, qu’elle était décidément le gouvernement légal, ou mieux, qu’elle était le gouvernement national, que désormais la France et la République française étaient deux termes synonymes dans l’histoire, — et c’est au son de la Marseillaise qu’il a accueilli l’escadre française, c’est avec une cordialité empressée qu’il a télégraphié à M. Carnot, président de la République. Chose étrange ! la monarchie de Juillet n’a jamais été reconnue officiellement par les tsars de Russie, l’Empire a été en guerre avec eux, et la République française, que nos monarchistes condamnaient tous les jours à l’isolement éternel, est reconnue, non seulement de fait, mais de cœur, par le chef de l’empire russe, comme l’expression même de la France. C’est que la République, au lieu de gaspiller, dans les guerres dynastiques, les forces de la patrie, les a ménagées et accrues par la seule défense de l’intégrité nationale et de l’honneur national. N’ayant d’autre intérêt que celui de la France, elle a désormais dans le monde, aux yeux de tous, la grandeur inviolable et sacrée de la France elle-même. Voilà pourquoi les fêtes de Cronstadt ont été si belles et si émouvantes. Entre les cœurs français et russes, aucun malentendu ne subsistait, aucune réserve : la France, en saluant le drapeau de la Russie,