Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/438

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Une Vendée provençale, venant s’ajouter à l’autre, quel souci pour le Comité de salut public ! Boissel et Moïse Bayle s’excusent, dans une lettre du 28 avril, en alléguant qu’ils ont cédé au vœu des sections quand ils ont révoqué le maire et le procureur et qu’il est impossible d’agir contre le sentiment unanime du peuple. Comme s’il leur avait échappé que les sections étaient soudain envahies par un flot de contre-révolution ! Au reste, impuissants, méprisés, honnis de tous, ils annoncent tristement, le 28, qu’ils abandonnent Marseille.

« Les ennemis de la chose publique s’agitent. Les Marseillais se raidissent contre les autorités constituées et contre nous-mêmes : nous ne pouvons plus rien faire ici pour la chose publique ; nous allons nous porter sur le Centre. » Ils essayent en vain de se défendre dans leur lettre à la Convention du 15 mai, écrite de Montélimar. Il en ressort jusqu’à l’évidence qu’ils n’ont su rallier à eux aucune force, qu’ils ont irrité tour à tour tous les partis, qu’après avoir dénoncé avec violence les modérés, les égoïstes, après avoir exaspéré les Girondins et encouru les anathèmes de Barbaroux : « Ils se sont présentés dans les Bouches-du-Rhône comme des torrents dévastateurs ; ils s’y sont présentés comme des rochers détachés de la Montagne, écrasant les troupeaux et les plaines. », ils ont été misérablement dupes du sophisme de la souveraineté populaire allégué par les sections royalistes. Il a suffi que l’une d’elles, la septième, leur adressât une sommation : « Dites-nous une bonne fois, si vous croyez que le peuple soit souverain ou non ; c’est notre dernier mot » pour qu’ils prissent peur et battissent en retraite, livrant Mouraille et Seytre, déjà arrêtés par leur ordre, à toutes les menaces, à toutes les fureurs de la réaction.

Leur plaidoyer est incohérent et pitoyable :

« Barbaroux a dit à la tribune que nous, vos commissaires dans les départements de la Drôme et des Bouches-du-Rhône, nous nous étions présentés dans ce dernier département comme des torrents dévastateurs. Voyons si cet homme a raison. Qu’avons-nous fait ? Nous avons contribué à accélérer le recrutement, qui est fini et rendu aux armées. Nous avons donné ordre d’armer les côtes, qui ne l’étaient point, et cela s’est effectué sous nos yeux. Nous avons ordonné une levée de 6 000 hommes pour se rendre dans les divers lieux du département et y arrêter les mouvements contre-révolutionnaires qui commençaient à s’y manifester et à se propager dans un département voisin. Le succès jusqu’à présent a rempli en partie nos vœux. Nous avons formé un corps de 600 hommes à Montredon, plage non loin de Marseille où il était facile aux ennemis d’effectuer une descente.

« Nous avons requis des escortes pour les divers convois des armées des Pyrénées et d’Italie qui pourrissaient dans le port de Marseille, et les convois sont arrivés à leur destination. Nous avons fait de même conduire une flotte marchande richement chargée pour le Levant. Nous avons fait arrêter, d’après