Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/477

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veiller les événements et attendre de nouvelles provocations de l’ennemi qui, enfin, mettraient debout le Paris de la Révolution.

« À minuit, le Conseil nomme Ménessier et Simon pour se transporter au Comité des Douze, afin d’avoir des renseignements sur Hébert, substitut du procureur de la Commune, sur Marino et Michel, adjoint à l’administration de police, contre lesquels la Commission des Douze a aussi décrété des mandats d’arrêt.

« La section de l’Unité (une de celles qui étaient le plus dévouées à la Commune), instruite des menaces faites contre la municipalité, proteste de son dévouement aux magistrats du peuple qui eurent toujours sa confiance. Elle fait part au Conseil qu’attendu les troubles qui sont sur le point d’éclater, elle a arrêté que les volontaires ne partiraient pas pour la Vendée, et s’occuperaient à combattre les ennemis qui s’agitent en tous sens dans Paris. »

Destournelles répond aux délégués en un discours mesuré, mais confiant.

« Le système formé de calomnie, d’arrêter, de perdre la municipalité, ce système odieux est poursuivi avec une ardeur digne des sentiments qui l’ont fait concevoir. On ne peut nous corrompre, on ne peut nous rendre aristocrates, ni nous entacher de modérantisme ; on nous présente comme des factieux, des anarchistes, des assassins. C’est ainsi que nous peignent les méchants, mais les gens de bien nous justifient ; vous êtes de ce nombre. Avec des amis tels que vous et une bonne conscience, les magistrats du peuple ne redoutent aucune espèce d’ennemis, et ils marchent dans le sentier de la loi, de leur devoir et du salut public qui est leur suprême loi.

« À l’égard des volontaires dont vous proposez, citoyens, de retarder le départ, le Conseil général vous observe fraternellement que cette mesure, suggérée sans doute par le zèle, n’a pas été assez réfléchie. Laissez partir ces braves guerriers ; secondez même leur ardeur ! Qu’ils aillent dans la Vendée faire mordre la poussière aux révoltés ! C’est là que sont les ennemis les plus redoutables de la France, c’est là que s’agitent les destins de la République. Quant aux ennemis que renferme cette grande ville, vos magistrats aidés de vrais patriotes sauront les contenir, et pas un contre-révolutionnaire, quel qu’il soit, ne pourra être impuni.

« Les volontaires se sont retirés en promettant de marcher avec courage, puisqu’ils laissaient une municipalité aussi patriote. »

Ainsi, le grand cœur du Paris révolutionnaire suffisait à tous les dangers ; il s’élargissait à l’immense péril de la patrie, et même à l’heure où il semblait qu’il dût se contracter désespérément sur lui-même, il envoyait sa générosité et sa force à tous les points de la Révolution menacée.

« À une heure et demie du matin, le Conseil nomme trois nouveaux commissaires pour se transporter au Comité des Douze, et avoir des renseignements sur les citoyens Hébert, Marino et Michel, et arrête que d’heure en heure il en enverra de nouveaux, jusqu’à ce qu’il ait une réponse. À deux